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Masques
9 février 2009

lundi soir

S'il est un sujet que j'ai souvent évoqué, depuis plus de quatre ans que j'ai ouvert ce journal, c'est bien celui de la découverte puis du lent travail d'acceptation de mon orientation sexuelle tout au long de l'adolescence. Aujourd'hui que j'ai 21 ans et, à tort ou à raison, me considère adulte, alors que je vis avec un autre garçon une relation qu'elle aussi je considère adulte (à tort ou à raison) et que j'assume totalement, je peux espérer avoir tourné cette page. Parvenir à ce point m'a pris du temps et s'est fait au prix d'angoisses et d'une grande souffrance morale que j'ai digérées mais que je n'oublie pas. Ces angoisses, cette souffrance marquent d'autant plus qu'elles surviennent généralement au début de l'adolescence, lorsqu'on est mal armé pour les vaincre ou même simplement les dominer. Je suis persuadé qu'elles m'ont façonné, tout autant que mon éducation ou mon environnement familial, et qu'elles me marqueront à jamais.
Je me suis toujours méfié des gays qui prétendaient ne les avoir jamais endurées, les happy gays ; pour la plupart, soit ils ont la mémoire courte soit ils refoulent leurs souvenirs ; ou alors ils ont préféré oublier et réécrivent leur propre histoire. Dans mon entourage le plus proche, j'en connais plusieurs qui n'ont pas encore laissé cette souffrance derrière eux. Ils n'en parlent pas, ou rarement ; parfois ils la dissimulent sous l'exubérance ou une affirmation provocante, mais elle se voit, elle se sent, dans leur relation aux autres, dans celle qu'ils entretiennent avec leur famille. Leurs échecs sentimentaux ont souvent leur source dans cette souffrance qui peut empoisonner toute relation.

Simon, lui, a échappé à tout cela ; il le dit et je le crois. C'est qu'il n'a jamais été frappé par le sentiment d'être différent. Sans doute parce qu'il a eu la chance de connaître un ensemble de circonstances favorables : très jeune, à 15 ans, il a vécu au grand jour une belle histoire d'amour partagé ; scolarisé par correspondance, il n'allait pas au lycée et n'était donc pas soumis en permanence au jugement de ses pairs ; grâce à sa mère, il avait été élevé à l'abri de tout conformisme moral et sa famille a tout naturellement accepté la réalité comme un non-événement. Nulle peur de l'aveu, nulle sensation d'être différent, ni dilemme ni sentiment de culpabilité ni souffrances. Aujourd'hui, il ne songerait jamais à se définir comme gay ; il l'est assurément mais ce n'est pas ce qui le définit. Lorsque je l'ai connu, il m'a fallu assez longtemps pour m'assurer qu'il l'était…  C'est qu'il ne se cache pas plus qu'il ne s'exhibe, et se fiche éperdument de ce qu'en pensent les autres. Au prix d'un certain effort, je m'efforce de l'imiter.

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