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Masques
10 juillet 2009

au début de l'été

Si je ne suis officiellement en vacances que depuis deux semaines, voilà un mois que j'ai passé ma dernière épreuve d'examen ; un timing parfait puisque, dès le lendemain, la trajectoire de mon vélo croisait celle d'un imbécile à quatre roues quittant son stationnement sans prévenir. J'ai fait mon possible pour l'éviter, au prix d'un dérapage et d'une chute sur la chaussée humide. En tombant je suis allé heurter assez violemment le socle en béton d'un feu de signalisation ; je m'en suis tiré avec une bonne abrasion du côté gauche, un hématome sur la cuisse que je sens encore plus de quatre semaines après, et surtout une entorse du pouce droit qui m'a valu de porter une orthèse jusqu'à hier. Mon vélo, lui, n'a rien eu. Quant à l'automobiliste, il s'est courageusement débiné…
Bref, tout ceci est désagréable mais pas très grave ; cependant on imagine mal à quel point, pour un droitier, il est gênant d'avoir la main droite prise dans une gangue de plastique rigide dès qu'il s'agit d'accomplir le moindre geste de la vie courante.

Cet été sera le premier depuis des années pendant lequel je ne travaillerai pas. La crise est passée par là et je n'ai pas trouvé de job. Mais j'ai pas mal travaillé ces derniers mois, entre boulots alimentaires – petits cours et baby sitting – et, pour la première fois, quelques travaux plus en rapport avec mes études, si bien que j'ai quelques économies. Ce n'est pas le Pérou, surtout en comparaison de Simon qui, de cachetons en remplacements, parvient presque à l'autosuffisance sur le plan financier, mais je ne me plains pas.
J'irai peu à Angers ; mon frère en étant absent presque tout l'été, rien ne m'y attire.

Le dernier weekend de juin, nous sommes partis à cinq en voiture pour le Bassin d'Arcachon, où le cousin d'une amie se mariait. Une expédition entre condisciples amis, une esseulée et deux couples, l'un hétéro l'autre pas ; et l'occasion pour Simon et moi de découvrir cet endroit au charme si particulier, récompense d'un voyage un peu long. Nous avons campé dans le jardin d'une grande maison, à cinquante mètres de l'eau, sous un ciel sans nuages.
Le samedi après-midi, c'était le mariage religieux, suivi d'un vin d'honneur puis, le soir, d'une fête organisée dans un restaurant au bord de l'eau. La cérémonie était célébrée dans une petite église sans beauté, dans un joyeux désordre peuplé de petits enfants bruyants et endimanchés, de dames à chapeaux et de gros messieurs en complet. Les mariés étaient superbes, lui en costume gris clair, elle dans une longue robe crème sans voile ni froufrous. Ils étaient accompagnés d'un petit bambin de dix ou douze mois, leur fils, qu'une jeune fille tenait dans ses bras à leur côté.
J'ai écouté la messe, toujours un peu surpris par le sentiment d'étrangeté que procure le rituel au spectateur non-croyant, et navré par la laideur des chants. On a lu l'inévitable texte de St Paul, tarte à la crème du mot en A en dépit du fait que Paul n'y parle assurément pas de l'amour conjugal ; le prêtre a fait une homélie assez convenue, se forçant à quelques traits d'humour auxquels on a ri par politesse ; puis il y a eu l'échange des consentements, dits par les mariés d'une voix un peu tremblante. Tout ceci ponctué de pleurs de bébés, de galopades de bambins et des allées et venues des nombreux photographes. Enfin les mariés sont sortis, sous une pluie de pétales de fleurs.
On peut trouver le mariage inutile ou même ringard ; cela m'est arrivé. Pourtant cette après-midi, au-delà du désordre et du folklore, il y avait ces mariés, tous deux radieux, et leur petit enfant ; et moi qui ne les connaissais même pas, assis sur mon banc à côté de Simon dont j'avais envie de prendre la main, je ne pouvais m'empêcher de partager leur émotion. Il suffisait de les regarder : le mariage est un pacte d'amour. À nous autres on n'offre qu'un pacte de solidarité, et ce n'est quand même pas pareil !

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