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Masques
29 avril 2008

Bien plus tard...

À Séville en cette saison, les oranges se ramassent à la pelle…  Partout elles pendent des arbres, sur les trottoirs, dans les jardins, et c'est miracle qu'on ne s'en prenne pas sur la tête.
Il y a presque trois ans, je m'étais promis d'y revenir ; voilà chose faite. C'est en février que nous en avons fait le projet, Simon et moi. En s'y prenant à l'avance, on trouve des billets d'avion assez bon marché – du reste, ma grand-mère m'en a offert une partie. Quant à l'hébergement, nous l'avions retenu dans un petit hôtel pour étudiants globe-trotters, en dortoir de neuf il est vrai – intimité nulle mais prix imbattable : 19 € la nuit, petit déj compris !

Retourner dans une ville qu'on a déjà visitée procure un plaisir nouveau : la première fois, on est goulu, on veut tout voir, gloutonnement, sans savourer, et finalement on manque peut-être l'essentiel ; la deuxième fois, on prend davantage son temps, on ne s'intéresse plus seulement aux monuments, aux sites touristiques, mais aussi à ce qui fait la vraie vie de la ville et de ceux qui y habitent, qui y travaillent ou y étudient. Il y a trois ans, j'y étais allé en plein été, à une période où Séville est en partie désertée de ses habitants, et même des touristes, qui tous fuient la chaleur torride, tandis que là, nous nous trouvions au cœur d'une grande ville qui vit à son rythme habituel.

Pour Simon, c'était la première visite en Espagne ; il baragouine un peu d'espagnol, alors que je ne connais qu'une poignée de mots qu'encore je confonds fréquemment avec leur équivalent italien. Je n'étais pas peu fier de pouvoir lui servir de guide ; j'avais gardé bonne mémoire de la topographie de la ville et pouvais assez aisément me repérer sans plan, sauf peut-être dans les ruelles tortueuses du vieux centre où, de toute façon, il fait bon se perdre. C'est peut-être là, à l'écart des circuits touristiques, qu'on voit le mieux les beautés de la ville ; on les y devine, plutôt, car elles sont souvent cachées derrière de hauts murs ou de lourdes portes. Qu'une d'elles soit restée ouverte et l'on aperçoit un court vestibule orné de mosaïques, fermé d'une grille en fer forgé au travers de laquelle apparaît l'un de ces nombreux patios ombragés et fleuris avec luxuriance sur lequel plongent de jolies galeries en bois ouvragé, paisible comme un cloître. Beaucoup de couvents et monastères, aussi, au détour d'une ruelle, derrière des murailles aveugles desquelles dépassent de grands arbres où grimpent, parfois jusqu'à dix mètres de haut, d'immenses bougainvillées en fleurs. Le tout sous un ciel du bleu le plus intense.
Pour Simon, cela a été un choc, comme ce l'avait été pour moi il y a trois ans : l'intensité des couleurs, des senteurs – l'oranger, le myrte –, la beauté délicate et intime de l'architecture arabo-andalouse, l'apparente harmonie entre passé et présent – Séville est aussi une grande ville moderne et active –, tout cela ne peut manquer de frapper. J'aurais été déçu qu'il en fût autrement : c'était aussi une escapade d'amoureux et j'avais à cœur que nous en partagions la plus grande part possible.

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