mercredi soir

Étant sorti tard de mon cours ce matin, je ne suis arrivé à la cafétéria que vers une heure et demie, l'heure à éviter absolument : il n'y a plus rien ! Comme même les pâtes manquaient, ils servaient du riz, comme hier…  J'ai quand même réussi à avoir quelques carottes dites « à la crème » bien qu'à mon avis ce fût plutôt de l'eau blanchie à la farine. Je pourrais faire une chronique quotidienne de la cantine et de son Chef à l'œil éteint, qui n'a d'ailleurs de chef que le nom, vu que je dois mieux savoir cuisiner que lui.

Vers trois heures, V* a débarqué chez moi, toujours d'humeur un peu morose. Comme la visite des lieux ne prend guère de temps, nous n'y sommes restés qu'un moment avant de sortir et de marcher jusqu'au Forum. Rien de tel qu'un centre commercial pour mettre V* de bonne humeur ! Et le bonheur est complet s'il y trouve une occasion de sortir sa carte bancaire, ce qu'il a fait pour payer une paire de chaussures dont il n'avait sans doute nul besoin. Chez lui, acheter est une thérapeutique.
Comme moi, il rentre vendredi – en réalité, pour l'instant il a prévu de rentrer chaque fin de semaine – mais nous ne pourrons pas prendre le même train.

Ce soir, Mathieu et moi avons dîné ensemble, ce qui somme toute arrive rarement, en nous partageant la minuscule table où nos deux assiettes tiennent tout juste. Quel drôle de garçon (mais après tout, peut-être se dit-il la même chose de moi) ! Je n'arrive pas vraiment à le cerner ; il est gentil et très discret, mais nous avons du mal à établir un contact. Comme il n'aborde jamais de sujets personnels, je fais de même et nos relations restent assez distantes. Cela me dérange un peu : nous cohabitons dans un tout petit espace et davantage d'intimité entre nous serait plus confortable. Et puis, comme toujours, je suis assez curieux de lui et reste sur ma faim.