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Masques
16 septembre 2007

dimanche

Profitant de ce que Val avait la voiture de sa mère et qu'il faisait beau, nous sommes allés hier après-midi nous balader à une cinquantaine de kilomètres, jusqu'à un tout petit village, un hameau plutôt, qui conserve un grand nombre d'habitations troglodytes ; elles sont encore habitées et certaines se visitent. C'est un endroit très charmant, avec ces maisons côte à côte creusées sous la roche, recouvertes de végétation, dont seule émerge la cheminée. Je me suis quand même dit qu'il fallait n'être pas claustrophobe pour y habiter.

J'avais prêté à Valentin il y a quelques jours ce roman, L'Immeuble Yacoubian, qui m'avait beaucoup plu et qui peint de l'Égypte un portrait attachant mais plutôt désabusé, bien loin en tout cas de ce que nous sert le « politiquement correct » des journaux. Je me demandais si cette vision correspondait aux souvenirs que lui-même en gardait ; mais il dit qu'à l'époque il était trop jeune pour percevoir tout cela, et qu'en outre ses parents et lui vivaient au milieu d'une communauté d'expatriés, sans beaucoup de contacts avec la population. En tout cas, il a aimé le livre.
En veine de confidences, il m'a raconté un épisode lié à l'Égypte dont il ne m'avait encore jamais parlé. Quelques mois avant que sa famille ne rentre en France, alors qu'il avait quatorze ans, il est pour la première fois tombé amoureux, d'un garçon un peu plus jeune que lui, un Belge qui, lui, le voyait comme un ami. Il dit que c'était un sentiment violent mais tout à fait chaste et innocent ; et pourtant, il a pour la première fois pris une conscience très vive de la notion d'interdit ; non pas les interdits « ordinaires » des gosses ou des ados, dont on finit toujours par excuser la transgression, fumer, piquer 20 € dans le sac de sa mère, ou même coucher avec une fille…  mais les interdits majeurs, ceux des adultes qui, dit-il, sont au-delà de la notion de pardon. Et en même temps, il ressentait très vivement l'injustice de cette situation. Il la décrit comme un mélange de bonheur absolu et de torture morale, au point que son retour en France lui soit apparu comme la délivrance d'un dilemme terriblement angoissant. Par la suite, il s'est longtemps contraint à se fermer totalement à tout débordement des sentiments.
Dans le passé, nous avons d'innombrables discussions sur ce sujet, et même s'il dit qu'aujourd'hui il voit les choses différemment, je vois bien qu'il garde des traces de cette expérience.

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