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Masques
7 juin 2007

Beaucoup plus tard

Dans une semaine, je serai en vacances. Depuis la mi-mai, les examens s'enchaînent les uns aux autres. Le 20, j'ai eu ma dernière loge de douze heures et l'ai supportée sans trop de douleur ; grâce au ciel, il faisait ce jour-là un temps si affreux qu'il paraissait acceptable de plancher tout un dimanche de printemps. Dès le lendemain, nous avons pris connaissance du sujet de notre travail personnel : quatre leitmotive tourmentés et quelques vers en allemand d'une poétesse dont j'ignorais jusqu'au nom, le tout à traiter dans l'esprit du grand Richard. Nous devons rendre dans huit jours. Je préfère de loin ce rythme de travail à celui d'une loge où il faut « fournir » en un temps limité ; m'y étant attelé d'arrache-pied la première semaine, j'ai pu achever une première esquisse et depuis, je rature, gomme, modifiant parfois un détail, parfois un passage entier. Mon brouillon s'accompagne d'une dizaine de feuilles d'essais et de corrections, de renvois en tous sens qui forment un labyrinthe dans lequel j'ai parfois le plus grand mal à me retrouver. Le 12, il faudra bien que je me décide et parvienne à une version définitive.

Ce même jour sera aussi celui du bac de français. Sous la menace des pires représailles s'il n'obtenait pas la moyenne, mon frère s'est mis à réviser. Je lui fais parfois travailler son oral, lis ou relis les textes qu'il doit présenter ; tandis qu'élève j'en éprouvais souvent de l'ennui, cela m'amuse plutôt. Lui ne sait pas grand-chose et la littérature ne lui dit rien. Je ne lui jette pas la pierre : en seconde et en première, j'affectais le plus grand désintérêt pour les matières scientifiques, ce qui du même coup justifiait par avance les médiocres résultats que j'aurais obtenus quels que fussent mes efforts.

S* et moi sommes dans une situation un peu particulière : pas vraiment séparés mais plus vraiment ensemble, pour cause d'éloignement ou d'emploi du temps non concordant. Sur le plan du moral, c'est plus confortable qu'une rupture, certainement moins dramatique aussi, quoique dans les faits ce n'en soit guère différent. C'est dans les trois ou quatre semaines précédant son départ que je l'ai vécu le plus mal, voyant jour après jour s'en rapprocher l'échéance ; mais dans le même temps je me suis peu à peu habitué à l'idée. Il sera dit qu'année après année je doive passer l'été seul.
La semaine dernière à Paris, j'ai fait la bêtise d'aller dormir chez lui en son absence et, sans surprise, ai été pris d'un gros coup de cafard. Je ne renouvellerai pas l'expérience, quelque commodité qu'elle procure, et irai désormais chercher le gîte ailleurs.

Lundi après-midi pourtant, de manière inattendue, je me sentais euphorique pour une raison inconnue et me suis mis à flirter outrageusement avec un petit pianiste (fort à mon goût) en compagnie duquel je me trouvais. Je crois bien que c'était la première fois de ma vie. D'ailleurs je m'en serais cru jusqu'alors incapable ; d'une part parce que je ne m'imaginais aucun talent en la matière, certain de faire preuve de la pire gaucherie, et aussi parce que la démarche même me semblait un peu ridicule, comme manifestant un manque de pudeur et de retenue. Dans mon esprit, la connexion entre deux personnes devait relever d'une chimie mystérieuse et s'opérer d'elle-même, sans quoi elle était sans valeur…  Je dois dire que j'ai pris grand plaisir à cette nouvelle activité, et ce d'autant plus que L* – qui, me semble-t-il, a une copine –, loin d'en prendre ombrage, s'est si volontiers prêté au jeu que j'aurais pu y croire. Il passe lundi l'épreuve de philo du bac. Toutes mes condoléances !

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