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Masques
16 mai 2008

vendredi

Entre le travail et le boyfriend, je n'ai guère le temps d'écrire ici en ce moment. Mon travail avance par à-coups ; de longues heures péniblement improductives alternent avec des périodes où cela « vient » bien. J'ai l'impression d'avoir toujours bossé de cette façon poussive, même au temps du lycée, comme s'il me fallait à chaque fois souffrir de longues heures d'impuissance avant que la situation ne se débloque. Avec toujours l'angoisse de penser que, justement, elle pourrait ne pas se débloquer…

À la cafétéria, les danseurs bénéficient d'un droit de priorité durant la première partie du service ; c'est qu'ils ont cours ici le matin puis se rendent sans délai après déjeuner au collège ou au lycée voisins pour leurs études générales, et leur horaire est plutôt serré. Évidemment, cela provoque fréquemment des protestations dans la queue et il est d'usage de râler, ne serait-ce que par principe ! Hier, il n'y avait pas trop de monde ; Simon et moi ainsi que deux copains étions presque arrivés à l'endroit où l'on prend son plateau lorsque quatre danseurs – trois filles et un garçon – se glissent juste devant nous, avec le petit sourire d'excuse que certains ne se donnent pas toujours la peine d'offrir. Je proteste gentiment, par pure forme car nous ne sommes pas particulièrement pressés. L'une des filles se justifie : « Nous avons cours à une heure et demie. » Simon, qui ne veut pas avoir l'air de céder aussi facilement, lui demande de quel cours il s'agit. « Deux heures d'histoire », répond-elle. J'argumente, je lui dis qu'elle n'est pas si pressée puisque c'est jour de grève et qu'elle n'aura sans doute pas cours. Simon renchérit, en disant que nous aussi, nous avons cours, et à une heure et quart. « Cours de quoi ?  — De géographie. » Après tout, nous pourrions encore vaguement passer pour des lycéens ! Le petit groupe nous regarde, se demandant visiblement si c'est du lard ou du cochon. Ils devinent enfin que nous nous moquons d'eux et nous les laissons passer. À ce moment, Simon me pousse légèrement du coude en me désignant le seul mec du petit groupe, qui était resté un peu en retrait et auquel je n'avais pas prêté attention. Un garçon d'une beauté exceptionnelle. Seize ou dix-sept ans peut-être, très grand, blond, une figure à la DiCaprio dans Titanic et un corps parfait que révèlent un justaucorps et un marcel blanc. Ce n'est pas le genre de beauté qui me touche spécialement – je la trouve un peu mièvre – mais je dois reconnaître que c'est agréable à regarder. Un peu plus tard, alors que nous faisons lentement avancer nos plateaux sur le rail, Simon, qui semble fasciné et ne quitte guère le garçon des yeux, me glisse à l'oreille « On le partage ? » Je prends l'air choqué. C'est que ce n'est pas du tout dans ses habitudes ; c'est même la première fois que je le vois ainsi, lui qui ne regarde jamais les mecs, du moins pas de manière manifeste, et qui jamais ne sort de plaisanteries égrillardes. Non qu'il soit prude, mais ce n'est simplement pas son genre.
Là, je vois bien qu'il est captivé. À ma surprise, je ne me sens ni agacé, froissé, ni même jaloux. Je ne l'ai jamais vu s'intéresser ostensiblement à d'autres mecs, lui que je trouve très beau ; et qu'il convoite un instant cet autre très beau garçon me remplit curieusement…  oui, d'une sorte de fierté, ou d'orgueil, car je le sais à moi.

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