vendredi

Pour une fois, ma mère et moi ne nous sommes pas engueulés durant mon séjour, ce qui, je l'avoue, était bien reposant. Et même, pour mon dernier dîner en famille avant quelque temps, elle avait préparé hier soir l'un de mes desserts préférés : une crème renversée 100 % crème fraîche. Un délice ! Je ne saurai jamais à quoi m'attendre avec elle ; il faut croire qu'en vingt ans, je n'ai pas réussi à trouver le mode d'emploi.
Après dîner, j'ai fait le taxi pour mon frère et ses copains, qui se rendaient à une soirée à l'autre bout de la ville. J'avais d'abord prévu de rentrer à la maison puis de retourner les chercher plus tard, puis en fait je suis resté. J'ai connu la plupart d'entre eux lorsqu'ils étaient encore au collège et ne me sens pas dépaysé en leur compagnie. J'ai pour eux tous une affection de grand frère. Il y avait Jérémie, égal à lui-même ; je le sens toujours un peu gêné avec moi. Dans le courant de la soirée, j'ai pu l'entraîner à l'écart pour parler tranquillement ; j'avais envie d'avoir de ses nouvelles. C'est un gentil garçon et je l'aime bien ; il faudrait qu'il sorte un peu de sa coquille.

Je reprends le train pour Paris en fin de journée. Simon me rejoindra dans la soirée et nous passerons le weekend ensemble jusqu'au retour de Mathieu, lundi matin. J'avoue que j'aime cette vie domestique à deux ; j'aime l'intimité qu'elle procure, et même la promiscuité forcée, que je ne ressens nullement comme subie. J'aime lorsque nous sortons tous les deux faire les courses ou bien nous promener, j'aime me laver les dents pendant qu'il se rase, j'aime quand le soir nous sommes serrés dans mon lit à une place – 45 cm chacun. En somme, j'aspire à une paisible et gentille petite vie de couple. Aurais-je des goûts de midinette ?