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Masques
31 juillet 2008

jeudi soir

Journée de relative torpeur au boulot. Mon rêve m'a poursuivi et je me suis mis à repenser à cette période du lycée.

À l'époque, je n'aurais rien désiré tant qu'une belle histoire d'amour. Si on m'avait parlé d'une simple aventure sexuelle, je crois que j'en aurais rejeté l'idée avec indignation : c'est que, sans en rien connaître, je me faisais une haute idée des relations amoureuses.
Lorsqu'un mec a paru s'intéresser à moi, ce qui était un événement inédit, il aurait été dans ma nature, romantique et sentimentale, de tomber aussitôt amoureux de lui ; mais ce n'est pas ce qui s'est produit : à la place, c'est son physique de grand escogriffe rouquin qui m'est apparu violemment attirant ; je n'aimais pas le garçon mais le désirais comme un fou. La situation était excitante, angoissante aussi, à cause de sa nouveauté, et parce que cela se passait dans l'enceinte du lycée.
Nous n'étions pas amis, ni même copains. Je ne savais rien de lui et ne me rappelle pas avoir été particulièrement avide de le mieux connaître ; ce n'était pas sa personnalité qui m'intéressait, ni de savoir s'il aimait lire, aller au cinéma, non plus que de connaître sa couleur préférée ; pour dire les choses crûment, ce dont j'étais curieux et avide, c'était de son sexe, que j'imaginais long et mince, ses fesses blanches et fermes, son ventre lisse, ses cuisses longues et musclées, prêtes à s'ouvrir, dont les images nourrissaient fiévreusement mes fantasmes.
Dans le domaine des relations sentimentales, j'étais un nigaud. À ce que je prenais pour des avances je ne savais comment répondre ; je ne connaissais aucun des codes, s'il en existait, qui m'auraient permis de donner la réplique ; aucun geste, aucune parole ne me semblaient appropriés et je devais donner le spectacle du plus parfait benêt. À la fin c'est la pire solution que j'ai naïvement choisie, celle qui me ressemblait le plus, qui consistait à lui écrire noir sur blanc ce que justement on ne doit à aucun prix exprimer par des mots, surtout dans un lycée de banlieue. L'affaire s'est arrêtée net. Je me suis senti humilié et en colère : j'avais l'impression qu'il s'était joué de moi. Pour cette raison peut-être, l'attrait que j'avais ressenti s'est aussitôt dissipé, grâce à quoi je n'ai guère éprouvé de chagrin.

Par la suite, ma nature a repris le dessus et les choses se sont toujours produites dans le bon ordre : si un mec me plaisait, c'est un sentiment amoureux qui émergeait, le désir lui étant concomitant. Jusqu'à l'automne dernier, à un moment où, pour moi, la cote du mot en A avait sérieusement chuté.

Je connaissais G* depuis l'année précédente. C'est un danseur à qui je donnais seize ou dix-sept ans. Alors qu'il semblait plutôt extraverti, enjoué même, à chaque fois que je le croisais il me regardait par en dessous avec un sourire timide, en rougissant, et je trouvais cela charmant. J'étais plutôt flatté et, en qualité d'aîné, j'acceptais l'hommage ; je lui rendais son sourire ou lui faisais un clin d'œil en signe de complicité mais nous ne nous parlions pas ; je ne connaissais même pas son nom. À la rentrée, les choses ont un peu changé. J'étais dans un autre état d'esprit. Peut-être la nature de son flirt a-t-elle changé elle aussi ; en tout cas, il m'a paru plus provocant et j'ai commencé à le regarder différemment.
G* n'est pas vraiment beau garçon. Pas très grand, plutôt trapu, une bouille ronde, de bonnes joues, les cheveux très courts, il a quelque chose de rustique et jamais on ne le prendrait pour un danseur, sauf si on le voit de dos, à cause de ses fesses hautes et musclées et de sa posture cambrée. Je le croisais souvent en justaucorps, les épaules nues et j'ai fini par le trouver non pas proprement attirant mais excitant ; dégageant une sorte de sexualité brute. Lui sentait mon intérêt et en jouait. Je le savais trop jeune pour moi, je savais que nous n'avions rien en commun, bref…  je savais que je faisais une connerie mais je persévérais. C'était un beau fruit que j'avais très envie de croquer.
C'est ainsi qu'un samedi après-midi nous nous sommes retrouvés chez moi. Je ne suis pas le dernier des salauds et mon intention n'était pas de « profiter » de lui ; je ne le prenais encore que pour un gentil garçon qui voulait sauter le pas, j'espérais l'embrasser, avec de la chance conduire une gentille session de making out, et après, on verrait bien…  Je me trompais complètement : aussi jeune qu'il fût, il était bien plus expérimenté que moi, et j'en étais encore à insinuer timidement ma langue entre ses lèvres que sa main s'était déjà glissée dans mon pantalon.
Je n'étais pas du tout amoureux de G* mais ressentais une certaine tendresse pour lui, que j'étais prêt à lui témoigner. Parce que c'est ma nature, j'avais envie de l'aimer un peu. Mais ce n'est pas du tout ce qui l'intéressait. Pour lui, le sexe était un jeu et j'étais à la fois son partenaire du moment et un challenge, tout comme si nous avions joué à la Xbox. Et pour la première fois, tout cela m'a laissé un sentiment de déception ; je ne voyais là rien dont j'aurais envie de me souvenir et je lui en voulais un peu. Sans raison puisque au fond, c'est moi qui avais été pris à mon propre jeu.
C'est un gentil garçon ; il ne se prend pas la tête. Il ne faisait rien d'autre que ce que j'étais tout prêt à faire voici quatre ans au même âge que lui.

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