vendredi

Au moment où je partais, tout à l'heure peu après déjeuner, l'une de ces dames m'a dit aimablement : « Alors, à l'année prochaine ? »  Je lui ai fait mon plus beau sourire. « Qui sait… » ai-je répondu.

Hier soir chez Agathe, comme je l'avais deviné, j'ai retrouvé trois anciens de ma classe. C*, que je n'avais pas revue depuis ; je la trouvais un peu écervelée mais elle ne l'est pas tant que ça ; en fait elle est même assez amusante. Et puis B* et E*, qui étaient en couple en terminale et le sont toujours deux ans après. Bel exemple de longévité ! Déjà à l'époque, ils faisaient vieux couple et les choses ne se sont pas arrangées. Ils sont tous les deux en Droit, sont terriblement comme il faut, s'habillent comme des vieux et ont déjà des conversations de vieux. Il porte une chevalière, elle arbore un brillant. Il l'appelle « Ma chérie », elle lui dit « Mon amour. »  Leur avenir est déjà tracé et rien ne semble pouvoir le compromettre : ils vont se marier, auront quatre enfants et un monospace. Lui sera notaire comme son papa, elle restera à la maison et conduira les gosses au caté ou au tennis. Le dimanche à midi, ils mangeront du gigot. Dans vingt ans, il aura une révélation : cela fait vingt ans qu'il se fait ch… ; il se mettra alors à sauter sa secrétaire, recevra sa première fellation – sa femme s'y est toujours refusé, c'est répugnant – et découvrira qu'il y a d'autres positions que celle du missionnaire. Ils ne divorceront pas, c'est mauvais pour les affaires.